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A l'Opéra Royal Flamand, une même soirée, réunit trois œuvres belges: Le réveil d'Endymion, ballet de Suzanne Danau, Mater Dolorosa, opérette en 1 acte de Willem Gijssels, musique de M. Daniel Sternfeld, et L'aube, ballet de Van Durme. De cette dernière œuvre, j'ai déjà eu l'occasion de parler. Le Réveil d'Endymion tire son argument de la mythologie (qui est évidemment une riche source) et dont les données se prêtent bien au développement de danses. Nous aurions préféré toutefois que le librettiste ait attaché moins d'importance à l'anecdote: celle-ci ne devrait servir qu'à aider l'expression de sentiments "universels" et non à raconter une histoire plus ou moins féérique. La musique de Suzanne Daneau est bien caractéristique du talent de cet auteur, remplie d'oppositions de timbres, et d'affirmations rythmiques très propices à la danse. La palette orchestrale est riche en couleurs (peut-être un peu d'abus du pizzicato) et l'on constate avec plaisir que Suzanne Daneau ne se rallie pas à une opinion émise récemment par quelques compositeurs belges [1], et qui voudrait que, dans le ballet "à argument" le musicien se désintéresse totalement de l'expression et ne soit qu'un "fournisseur de rythmes"; ce serait ensuite au maître de ballet à se débrouiller.

Quant à l'opéra Mater Dolorosa, il est difficile de juger pareille œuvre du point de vue purement artistique. Le grand poète flamand Willem Gijssels y a déployé toute sa puissance, toute son émotion. Et sans doute, est-ce bien à son talent que s'est adressé le succès: combien de personnes, dans une salle d'opéra, sont capables de départager les impressions qu'elles ressentent, et les attribuer au texte, au jeu des artistes, à la mise en scène, à la musique?

Au Théâtre Royal, un concert donné à l'occasion d'une remise de prix aux élèves du Conservatoire, nous a permis de réentendre l'Uilenspiegel de Flor Alpaerts, qui est une des œuvres les plus remarquables de ce maître. Parmi les "vedettes" il faut citer le violoniste Van der Mueren, et, surtout, le jeune pianiste De Vries, qui réunit une éblouissante technique, une mémoire parfaite et de grandes qualités de style.

[1] Au cours d'une émission de la K.V.R.O. à l'N.I.R., consacrée à la musique de ballet.

Bosmans, A.: Anvers, in: Pro Musica, revue mensuelle, nr. 13, januari 1936, p. 10.