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Miry (Charles) naquit à Gand le 14 août (1) 1823. Le sentiment de l'art est en quelque sorte inné dans sa famille. Plusieurs de ses membres se distinguèrent par leur gout musical ou théâtral. Pierre Miry, un oncle de Charles, lui donna les premières leçons de musique. Il est certain que l'entourage de l'enfant et les conversations qu'il écoutait en silence, et dont l'objet était invariablement l'art musical, exerçaient sur son cœur et son intelligence une salutaire influence. Élève de l'école communale gratuite, le jeune Miry s'y fit distinguer par la vivacité de son esprit.

M. Mengal, alors directeur du Conservatoire communal, remarqua ses heureuses dispositions et le désigna, avec quelques-uns de ses condisciples, pour y suivre les cours. M. Mengal prit Miry en affection, et jusqu'à la fin de sa vie, le traita comme son propre fils. C'était en 1835. Miry avait alors douze ans. Il remporta dans les concours plusieurs distinctions. Il essaya bientôt de petites compositions. Le célèbre auteur dramatique flamand, H. Van Peene, son oncle, le surprit un jour en train d'arranger un petit quatuor; étonné de son œuvre, il lui dit: mais, vous composez, mon ami, je vous apporterai des paroles pour les mettre en musique.

Les premiers essais avec Van Peene étaient des vaudevilles flamands, dont quelques-uns sont encore joués aujourd'hui avec succès, entre autres: Een man te trouwen, Wit en Zwart, Vader Cats. Mais parmi les meilleurs fruits de cette heureuse collaboration, nous citerons en première ligne: Le Vlaamsche Leeuw [2]. Toute la Belgique flamande connaît ce chant mâle, large et entraînant: il est devenu pour ainsi dire le chant national des flamands; c'est la plus populaire des compositions du maître; M. Miry dans cette œuvre où se reflète un patriotisme noble et ardent, saisit du premier coup le véritable esprit et le sentiment réel du peuple flamand.

Le Vlaamsche Leeuw [3] établit la réputation du compositeur. N'oublions pas non plus de mentionner la romance, mon Bon Ange, sur des paroles de Van Peene. Ses premiers essais de composition avaient excité l'intérêt de ses concitoyens, l'administration communale de Gand lui accorda pendant deux années un subside pour qu'il lui fut permis d'aller terminer son éducation musicale à Paris. De retour dans sa patrie, Miry, comme une marque de sa reconnaissance, dédia à la ville de Gand une symphonie qu'il venait de terminer, et qui fut exécutée avec succès au Conservatoire. Lors de la réorganisation du Conservatoire de Gand, Miry fut nommé chef d'orchestre et professeur d'harmonie; il forma bon nombre d'élèves qui feront honneur à leur maître et au pays; plusieurs d'entr'eux ont remporté des prix dans le grand concours musical, dit de Rome, institué par le gouvernement.

Devenu sous-chef d'orchestre du théâtre de Gand, il profita de cette position pour y faire exécuter ses productions, telles que: des opéras, des ballets, des cantates, des chœurs, etc. En 1851, une médaille et une prime lui furent décernées dans un concours ouvert par la Société royale des Beaux-Arts de Gand, pour la composition d'une ouverture et d'un chœur; et, deux ans après, l'association dite Nederlandsch Taalverbond, de Gand, lui accorda une mention et une prime pour trois chœurs flamands; genre dans lequel il réussit. Charles Miry, qui est un excellent directeur de musique, remplit de bonne heure cet emploi au théâtre flamand Broedermin et Taelijver (1846) [4]. Plus tard il fut directeur d'un petit cercle d'amateurs, tous jeunes gens intelligents, qui exécutaient ses compositions. Il compte ces moments passés avec eux parmi les plus heureux de sa vie.

Le compositeur de mit sérieusement au travail et à l'étude. Il fallait un opéra pour l'inauguration du nouveau théâtre flamand, Minardschouwburg, le premier qui fut érigé en Flandre. H. Van Peene écrivit Brigitta, en trois actes, et Miry en composa la musique; la pièce fut exécutée, en 1847, par la société royale Broedermin, et obtint un succès vraiment colossal. Il n'est pas sans intérêt de rappeler que Miry travailla le premier à la renaissance de l'opéra flamand. Depuis Van der Ghinst et L. Van Dromme, de Dixmude (1825), deux compositeurs d'un mérite douteux, il fut le premier qui composa des opéras flamands; L'opéra Brigitta fut suivi d'une foule d'autres dont nous donnons la nomenclature plus loin.

Miry eut le bonheur de s'attirer l'amitié de Gevaert. Le savant maître lui donna des conseils et le plaça ainsi dans la bonne voie. Leur liaison n'a jamais cessé; Miry n'a pas perdu le souvenir de ces précieuses leçons; aussi conserve-t-il une vive reconnaissance à celui qui l'a guidé dès le début de sa carrière, avec autant de désintéressement que de vraie science.

En 1850, il fut chargé de la direction des Mélomanes, de Gand; une des sociétés de chant les plus importantes de la Belgique, avec laquelle il eut la gloire de remporter la palme dans différents concours du pays et de l'étranger. Charles Miry travaille pour ainsi dire sans relâche, aussi le nombre de ses compositions est déjà très-considérable. Ses opéras les plus renommés sont: La Lanterne Magique, opéra en trois actes, représenté pour la première fois, en 1854, au Grand-Théâtre de Gand, et joué aussi avec succès à Bruxelles et à Louvain; - Charles-Quint, opéra en cinq actes, joué au Grand-Théâtre de Gand, en 1856, et qui a reçu un accueil très-favorable dans les villes principales de la Belgique. Ce fut au succès de cette belle œuvre que Miry fit redevable de sa nomination de professeur de composition au Conservatoire de la ville en 1857; - Bouchard d'Avesnes, représenté à Gand, en 1864, Bruxelles et Liège; - Maria van Burgondië, (1867), Frans Ackerman (1867), deux grands opéras flamands (paroles de M. Nap. Destanberg), qui ont excité l'enthousiasme du nombreux public aux différentes représentations à Bruxelles et à Gand.

Ajoutons à cette liste: Brutus en César (1868), de Engel op wacht, paroles de M. P. Geiregat (1869), de Occasie maakt den Dief, paroles de M. Destanberg (1867), Drie Koningen Avond, paroles de M. Geiregat (1870), quatre opérettes, en un acte chacune, qui resteront au répertoire de toutes les scènes flamandes. Trois ballets représentés à Bruxelles, savoir: La Bouquetière, la Fée des Eaux, et Klida. Deux opéras comiques en un acte représentés, à Gand: Le Mariage de Marguerite (1867) et la Saint-Lucas (1870). Miry a en outre publié des collections de chants flamands pour une ou plusieurs voix, sur des paroles de M. Destanberg, lesquels sont destinés aux écoles primaires. Ces chants se font remarquer par le naturel et la simplicité des mélodies autant que par le caractère rhythmique.

Depuis deux ans que M. Miry est directeur de l'enseignement musical dans les écoles communales de la ville de Gand, on a pu constater l'amélioration notable qui en est résulté. Le roi Léopold II, voulant reconnaître les nombreux services que Miry a rendus à l'art et à l'enseignement musical, le nomma chevalier de l'ordre de Léopold, lors de la première visite de S. M. à la ville de Gand, après son avènement au trône.

Miry est d'un commerce agréable, son caractère est franc et loyal, il ne compte que des amis et des admirateurs. Il est peu d'artistes aussi populaires dans les Flandres. Miry travaille en ce moment à un grand opéra flamand, en quatre actes, sur des paroles de M. Henri Conscience: De Dichter en zijn Droombeeld. Parmi les autres publications de Miry, on remarque: Volksliedjes voor schoolen, au nombre d'au moins deux cents, pour une, deux, trois et quatre voix; douze fables sur des paroles d'Ésope, avec accompagnement de piano, pour voix d'enfant; grand nombre de chœurs pour quatre voix d'hommes. 105 Schoolgezangen pour filles, garçons, adultes, avec ou sans accompagnement de piano. Un très-grand nombre de romances, de morceaux d'harmonie, de fanfares, quelques airs de danse pour piano. Recueil de 10 chœurs à trois voix pour écoles de filles, paroles de M. Destanberg.

Cantates inédites:
Au Roi, paroles de Kervyn de Volkaarsbeke.
La Belgique ou le règne de 25 ans.
Le 16 décembre, paroles de M. Vizentini.
Het Eerevaendel der Weezenjongens van Gent, paroles de M. Destanberg 1866.
Les Orphelins, cantate avec accompagnement de fanfares.
Het Eerevaendel derwerklieden, Feestgezang, woorden van Nap. Destanberg, 1870.

(1) Et non avril, suivant Fétis, Biogr. univ. des Musiciens, t. VI, p. 152.
[2] nvdr.: Le Vlaemsche Leeuw: sic.
[3] nvdr.: Le Vlaemsche Leeuw: sic.
[4] nvdr.: Broedermin et Taelijver: sic

N.N. [Edouard Gregoir?]: Artistes Belges. Charles Miry, in: Le guide musical, jrg. 17, nr. 18, 4 mei 1871, p. [1-2].