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Anvers. - Le centième anniversaire de la naissance de Richard Wagner a été commémoré ici par une manifestation artistique importante et d'un intérêt supérieur. C'est à l'initiative de M. Frank Van der Stucken, dont la maîtrise fut égale à la vaillance, que nous devons ce festival en deux concerts, qui eurent lieu dans la vaste salle de la Société de Zoologie, et où toutes les oeuvres du maître, de Rienzi à Parsifal (hormis L'Or du Rhin), figuraient aux programmes par quelque fragment.

M. Van der Stucken s'était entouré de collaborateurs dévoués pour mener à bien cette belle entreprise: un orchestre de 105 exécutants, qui fut souple et expressif à souhait, la chorale mixte "Arti Vocali" et la chorale d'hommes "Deutsche Liedertafel", parfaitement stylées, ainsi qu'un choix de solistes, parmi lesquels je citerai tout particulièrement l'admirable cantatrice Ellen Gulbranson, qui fut une puissante et émouvante Brunnhilde, le ténor Heinrich Henselt, dont la voix si franche et si bien timbrée fit merveille dans le Walther-Preislied, ainsi que dans la scène du réveil de Brunnhilde, chantée avec Mme Gulbranson, Mme B. Kacerovska, qui chanta en artiste compréhensive la Mort d'Iseult et la Ballade de Senta. Louons aussi M. Walther Soomer, une excellente basse, Mme F. Easton et M. Fr. Maelennan.

Voici quelle était la composition des programmes de ce festival. Le premier concert débutait par l'ouverture de Rienzi, brillamment interprétée. Puis ce furent les fragments du Vaisseau fantôme, de Tannhäuser, de Tristan (prélude et mort d'Iseult) et de Lohengrin avec, comme solistes M. Bennett Challis, qui chanta, de façon très inégale, le Chant à l'étoile de Tannhäuser, Mmes Kacerovska, H. Scholten et Easton et M. A. Van Roey.

Le deuxième concert offrit encore plus d'intérêt, tant par le choix des oeuvres qui, toutes, s'accommodaient mieux d'une exécution du concert que par la valeur exceptionnelle des solistes. Cette fois, le finale du premier acte de Parsifal figurait en tête du programme qui se complétait des fragments de la Valkyrie (adieux de Wotan et incantation du feu), de Siegfried (réveil de Brunnhilde), du Crépuscule (scène finale) pour finir par le quintette des Maîtres Chanteurs, interprétés par Mmes Easton, Scholten, MM. Soomer, Henselt et Van Roey.

Toutes ces oeuvres ont été dirigées par M. Van der Stucken avec une grande autorité. Ce qui caractérise surtout ses exécutions, c'est la solide carrure rythmique qu'il leur imprime, d'où dérive la clarté et l'homogénéité des détails. Le public ovationna fréquemment l'excellent chef d'orchestre et l'associa, à la fin de chaque séance, aux acclamations qui saluaient tous les interprètes de ce festival.

Il me reste à dire quelques mots de la conférence préliminaire "Wagner et son oeuvre" faite par M. Julien Tiersot. Sujet très vaste et où il est, certes, difficile d'apporter de l'inédit. Notre éminent collaborateur a eu le rare mérite de retracer devant un public nombreux et attentif, avec autant d'érudition que d'exactitude, la carrière toujours intéressante et souvent douloureuse de R. Wagner. Son succès fut très vif. En intermède, on applaudit Mlle H. Scholten, qui chanta avec expression, les Cinq poèmes de Mathilde Wesendonck et M. A. Steurbaut, qui dit avec vigueur les Deux grenadiers, d'après Henri Heine.

Matton, Carlo: Correspondances - Anvers, in: Le guide musical, jrg. 59, nr. 23-24, 8 en 15 juni 1913, p. 454.