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De Schelde

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De Schelde (L’Escaut) - Oratorio. Poème de M. Hiel, musique de M. Benoit. (1re exécution à Anvers, le 28 février.)

M. Pierre Benoit a remporté lundi à Anvers une grande victoire. Son oratorio de Schelde (l’Escaut) a été aux nues. Malheureusement nous avons à peine le temps de constater le grand et légitime succès que le compositeur a partagé avec l’auteur du poème, M. Emmanuel Hiel. Nous attendrons la seconde exécution, qui aura lieu prochainement à Bruxelles, pour apprécier en détail ce remarquable ouvrage. Bornons-nous pour le moment à en indiquer les grandes lignes, et à signaler les passages qui ont produit la plus vive impression.

Le poème de M. Hiel se divise en trois parties, on pourrait dire en trois actes. Le premier acte, c’est l’amour sur l’Escaut, un duo tendre, passionné, voluptueux, quelque chose comme le troisième acte de Faust, sauf le jardin de Marguerite. Il est bien entendu que nous n’entendons établir ici qu’une certaine analogie de situation, et non pas une réminiscence poétique, et encore moins une réminiscence musicale. Dame Marthe est absente, mais la fantaisie du compositeur a transformé en une sorte de Méphisto le batelier qui fait naviguer les deux amoureux. Cette première partie est une longue et charmante caresse. La fin de ce duo soutenue par les chœurs est d’un sentiment très-délicat.

Au second acte, où sont évoquées les ombres des grands hommes qui ont, aux siècles passés, illustré le pays flamand, et où le souvenir des événements dont les rives de l’Escaut furent jadis le théâtre s’empare des deux amoureux du début, la muse du compositeur s’élève avec celle du poète, et prend une allure décidée, énergique. Zannekin, Artevelde, Guillaume le Taciturne apparaissent tour à tour; les communiers flamands puis les Gueux viennent tourmenter la rêverie des deux jeunes gens, qui ne sont plus ici que les personnages accessoires du drame, et leur rêve finit par prendre les proportions d’un épouvantable cauchemar; épouvantable pour eux, magnifique pour l’auditoire, qui est transporté en plein moyen âge et en plein XVIe siècle, au plus fort des luttes du peuple flamand contre l’oppression étrangère. Il y a là un combat choral et symphonique qui donne l’illusion de la réalité. C’est la bataille, c’est la guerre, sans tentative mesquine d’imitation réaliste. Toutes les fureurs de l’orchestre sont déchaînées; les voix donnent toute leur sonorité, toute leur puissance, tout leur entrain. Cette péroraison est d’un grand effet; elle a valu à M. Pierre Benoit une ovation enthousiaste.

La dernière partie semble d’abord écrasée par les souvenirs historiques de l’épisode précédent; mais elle ne tarde pas à se relever de son affaissement. Cette fois nous ne rêvons plus. Nous sommes sur les bords de l’Escaut moderne. Le poète et le compositeur peignent la vie contemporaine et célèbrent l’activité commerciale à laquelle le fleuve donne tant d’essor. Les derniers chœurs de cette troisième partie comptent parmi les plus belles pages de M. Benoit.

Sauf quelques hésitations de l’orchestre, dont il ne restera sans doute pas la moindre trace, lorsque nous entendrons l’Escaut à Bruxelles, l’exécution a été à la hauteur de l’œuvre. La partie chorale ne laisse rien à désirer, et les voix de femmes méritent les plus grands éloges. Quant aux solistes, MM. Warnots, Blauwaert et Pot, et Mlle Valentine Ledelier, ils ont rempli leur tâche avec un rare talent. M. Benoit était au pupitre du chef d’orchestre.

Salle comble, - et l’on sait que la salle du Grand-Théâtre d’Anvers peut contenir autant de monde que celle de la Monnaie à Bruxelles; - public intelligent et sympathique; succès complet et mérité: tel est le bulletin de cette soirée dont nous regrettons de ne pas pouvoir rendre un compte plus complet.

N.N.: De Schelde (L’Escaut), in: Le Guide Musical, jrg. 15, nr. 8, 25 februari 1869, p. [2].

Belgique. Anvers. Autre Correspondance.

Une grande solennité musicale a eu lieu hier dans la salle de spectacle du théâtre royal de cette ville. L’exécution de l’oratorio historique de Schelde avait attiré une foule de monde. Notre théâtre peut contenir à peu près trois mille personnes et la salle était comble. Les colonnes de votre journal ne me permettent pas de m’étendre dans une analyse détaillée de l’œuvre, et voulant rester entièrement dans le domaine musical, je ne parlerai du poëme que pour en constater le mérite transcendant.

Quant à la composition musicale, ce qui la distingue avant tout c’est l’unité qui a présidé à la conception générale et qui a relié en une trame solide les riches éléments multiples qui entrent dans le sujet. Tout est sévèrement contenu dans les limites d’une inspiration vigoureuse qui s’attache à un but clairement défini et ne sacrifie rien aux exigences d’une fantaisie exubérante. Tout se lie, tout se tient; les transitions elles-mêmes se rattachent puissamment aux thèmes caractéristiques et ont leur raison d’être. C’est cette force concentrée qui impressionne d’abord le plus vivement. Le plaisir redouble lorsqu’on s’aperçoit qu’elle n’empêche pas la variété.

Un mot encore avant d’entamer la question d’interprétation: le compositeur a autant travaillé son œuvre en penseur qu’en musicien. Un grand homme a dit quelque part que l’on ne pouvait être musicien sans être philosophe; l’influence de ce double élément dans la création artistique est chose délicate. L’excès est plein de fascination et le danger n’est pas loin. M. Benoit a su combiner ce double élément avec une véritable autorité; et son sens poétique et musical, basé sur son sens logique, n’en brille qu’avec plus d’éclat; en somme, c’est une œuvre d’une originalité vigoureuse.

Je suis heureux de pouvoir constater que l’exécution a été parfaite. L’orchestre, entièrement à la hauteur de sa tâche, nous a fait assister à une vigueur, à un respect des nuances, à une délicatesse de ciselures auxquels on n’est pas habitué. Les chœurs, en grande partie puisés dans notre pépinière chorale la Société de musique, auxquels s’étaient joints des dames et messieurs de notre ville, étaient d’une puissance remarquable. Malgré une réunion de plus de deux cents voix, les intentions musicales de la plus grande finesse étaient rendues. Le rôle de la jeune fille était interprété magistralement par Mlle Valentine Ledelier avec un sens dramatique de la plus haute portée. Malgré sa superbe voix, elle s’est sobrement tenue dans le cadre de l’action. M. Warnots, comme toujours, a fait preuve d’un talent apprécié depuis longtemps et qui n’a plus besoin d’éloges. M. Blauwaert, chanteur d’avenir, et M. Pot, se sont très bien acquittés de leur tâche. Je termine en constatant l’immense succès de l’œuvre. Plusieurs ovations ont été faites. Pluies de bouquets, couronnes de lauriers, rappels des auteurs, rien n’y a manqué. L’air national de la seconde partie a soulevé une tempête d’applaudissements et a dû être recommencé. En somme, on demande une seconde exécution qui aura lieu probablement mercredi prochain.

J’apprends à l’instant que le Schelde sera exécuté, à Bruxelles, le dimanche 7 mars. C’est la phalange chorale et instrumentale anversoise avec le concours des dames et des messieurs amateurs et artistes de Bruxelles, qui exécuteront l’œuvre chez vous.

L.C. : Belgique. Anvers. Autre correspondance, in: Le Guide Musical, jrg. 15, nr. 8, 25 februari 1869, p. [4].

De Schelde (L’Escaut) - Oratorio Historique, Poëme de M. Hiel, musique de M. Benoit. Deuxième exécution à Bruxelles, au Palais Ducal, le dimanche 7 mars 1869.

Nous avons promis à nos lecteurs de revenir sur notre appréciation sommaire du nouvel ouvrage de MM. Hiel et Benoît, et au moment de remplir notre engagement nous sommes heureux de pouvoir constater que le succès du poète et du compositeur n’a pas été moins vif à Bruxelles qu’à Anvers. Le public s’est rendu à leur appel avec le même empressement; il a fait à leur œuvre un accueil non moins enthousiaste, et les passages qui ont fait le plus grand effet dans la salle du Palais-Ducal sont précisément ceux que les auditeurs anversois saluaient, quinze jours auparavant, de leurs applaudissements les plus sympathiques.

L’oratorio De Schelde, - est-ce un oratorio, comme le disent les auteurs, est-ce une cantate, comme le veulent certains critiques? peu nous importe, c’est une œuvre, voilà l’essentiel, - l’Escaut, enfin, quelle qu’en soit l’étiquette, s’ouvre par une préface symphonique où se manifestent des intentions descriptives. Une série d’accords larges, pleins, solennels, en forme l’exorde et la péroraison. Entre ces deux explosions de cuivres se place un travail d’orchestre dont la phrase principale, confiée successivement aux diverses familles d’instruments, rappelle, par son dessin gracieusement ondulé, le thème caractéristique de l’air de l’Eau, que chantait avec tant de charme M. Warnots, dans l’oratorio Lucifer. Cette mélodie aquatique coule à travers l’ouvrage tout entier. Nous venons de la voir à la source, nous la retrouverons à l’embouchure. Le seul reproche qu’on puisse lui faire, c’est qu’elle ne se lasse pas de reparaître, non pas, il est vrai, sans de sensibles variations de sonorités, de couleurs, et d’allures rhythmiques. Mais est-il permis d’en vouloir à l’onde d’être l’onde ? Sans trop céder à la manie des descriptions, il fallait bien donner à l’Escaut un courant. Et puis nous avons vu tant de gens ne reconnaître cette phrase et n’en jouir qu’à la dernière apparition, que nous n’avons pas le courage de faire au compositeur un grief de ses répétitions, probablement voulues, préméditées, et d’ailleurs très-adroitement dissimulées sous les artifices des modulations et des changements de timbres.

Le poète a tenu à invoquer lui-même le fleuve - dont il allait chanter les beautés naturelles et le passé historique; mais n’ayant que peu ou point de voix, M. Hiel s’est contenté d’écrire de beaux vers, laissant au baryton de M. Blauwaert le soin de les faire valoir. Celui-ci entonne donc un récitatif d’un grand caractère, une mélopée ample et grave, soutenue par des accords énergiques de l’orchestre. Puis l’action s’engage; les trois personnages de la première partie, - un jeune homme, une jeune fille, un batelier, - entrent en scène.

Nous avons esquissé dernièrement cette première partie, cette idylle amoureuse, à laquelle la poésie naturaliste de M. Hiel donne un cachet tout particulier, et que M. Benoit a en quelque sorte caressée. Une seconde audition n’a fait que confirmer l’impression que nous avait laissée la première; peut-être même l’impression a-t-elle été meilleure encore à Bruxelles qu’à Anvers.

Il y a bien quelques longueurs, ou plutôt quelque langueur dans les conversations des deux jeunes gens, surtout dans leur premier entretien; mais que de grâce et de fraîcheur dans les confidences musicales qu’ils échangent au bord de l’eau. Il est, du reste, impossible que leur langueur se communique au public. Il est auprès d’eux un personnage qui se charge de stimuler leur ardeur et d’éveiller la curiosité de la foule. C’est le Vaarman, le batelier dont les onomatopées fantasques ont quelque chose de méphistophélique. Quand il invite les deux jeunes gens à naviguer, c’est pour les pousser dans les bras l’un de l’autre. Om te varen, pour naviguer, dit le poète; mais ne vous y trompez pas, la langue flamande a des ressources d’une subtilité traîtresse, des sous-entendu perfides, et lorsqu’elle fait une innocente allusion au plaisir de voguer en barquette, lorsqu’elle parle de naviguer, elle pense à l’amour, et même, le dirai-je ? à la possession.

A peine le Vaarman s’est-il fait entendre que le duo des amants s’anime et se passionne. Il est interrompu, à deux reprises, par un chœur de paysans, de villageois qui, sur le rivage, regagnant leurs modestes demeures, chantent le soleil qui se couche, le rossignol qui s’éveille, et l’étoile du berger qui se lève à l’horizon. Le thème de ce chœur, exposé d’abord dans l’orchestre, est ensuite adopté par les voix qui le développent, l’élargissent et lui prêtent une ampleur sonore d’un bel effet. Morceau excellent, une des perles de l’Escaut. La résolution en est d’une piquante originalité. Par deux fois, lorsque le thème mélodique, poussé par une progression ascendante jusqu’au dernier échelon des voix, est arrivé à son apogée, la sonorité chorale s’éteint graduellement dans un doux murmure, l’orchestre se tait, ou du moins l’on n’entend plus qu’une pédale des cors sous un tremolo des violons, et la voix du ténor domine alors tous ces bruissements presque imperceptibles; cette voix, celle du jeune amoureux, s’épanche sur une phrase d’une exquise suavité, d’une irrésistible tendresse, très-bien rendue par M. Warnots.

On entend après cela dans l’orchestre les pas de villageois qui s’éloignent. La phrase aquatique du début, un peu oubliée depuis quelques instants, vient renouveler connaissance avec le public; le Vaarman pousse son cri satanique, et les deux jeunes gens deviennent plus amoureux que jamais. On ne peut rien imaginer de plus saisissant que le dernier épisode de ce duo. L’orchestre s’est peu à peu obscurci. On sent que la nuit est noire. Les voix des deux amants s’enlacent dans un ensemble chaleureux, passionné. « Nous nous aimons » disent-elles. « Ils s’aiment » s’écrie à son tour le Vaarman, et tout à coup le chœur frémit, s’agite, et soutenu par la masse symphonique qui se relève subitement de sa torpeur, lance une exclamation stridente qui termine brusquement la scène. Il faut entendre cela. Il y a là tout un poème en quelques notes. On dirait que la nature tressaille comme si elle participait au bonheur des deux amants. Cette intervention du chœur, qui n’était pas indiquée par le livret, est une véritable trouvaille musicale. Si nous n’avions peur des grands mots, nous dirions volontiers que dans cette explosion finale on devine une idée panthéiste, l’association de la nature inanimée aux sensations du genre humain. Peut-être notre interprétation est-elle un peu ambitieuse, mais elle indique le sentiment que nous avons éprouvé. La salle entière a couvert d’applaudissements cette belle péroraison.

Nous avouons une prédilection toute particulière pour cette première partie, ainsi que pour la troisième. C’est dans ces deux épisodes, à notre sens, que le compositeur s’est montré le plus spontanément habile, le plus sincèrement original. La seconde partie est pourtant celle qui a le plus puissamment remué la foule, tant à Bruxelles qu’à Anvers, et nous sommes loin de méconnaître la valeur de l’émotion qu’elle a ressentie et de l’enthousiasme auquel elle a bruyamment cédé.

On connaît le sujet de ce deuxième acte; c’est l’évocation des souvenirs historiques du pays que traverse l’Escaut, la résurrection des héros qui en ont illustré et ensanglanté les rivages; c’est un rêve tragique et patriotique. L’idée musicale qui sert ici de base à la composition n’appartient ni plus ni moins à M. Benoît que le choral de Luther, qui fait pourtant partie intégrante et essentielle des Huguenots, n’appartient à Meyerbeer. Elle est empruntée au Wilhelmus Lied, au chant guerrier des Gueux, à la Marseillaise de la Révolution des Pays-Bas, à cet air fameux dont l’auteur est tout simplement le glorieux défenseur d’Anvers, Marnix de Sainte-Aldegonde. M. Benoît n’en a pris que les deux premières mesures, celles qui donnent à la mélodie tout entière son caractère, sa signification, les seules d’ailleurs qui soient belles; il les a continuées, développées à sa manière; il a suivi la voie qu’elles traçaient à son inspiration et il en a tiré un chant qui est bien à lui sans être complétement de lui, un morceau qui porte l’empreinte de son individualité, tout en procédant d’un style qui n’est pas le sien. Ce germe fécond, déposé dans son œuvre, lui a valu une récolte musicale d’une incomparable richesse.

C’est par la souplesse de la facture, par l’habileté technique, par la science et la certitude des effets, que se distingue cette seconde partie, où les chœurs jouent le rôle le plus important. Notons cependant parmi les solos, pour la plupart confiés à la basse-taille, un air d’Artevelde, qui n’est peut-être pas tout à fait approprié au personnage, mais dont la tournure mélodique est noble et imposante, et cela fait, tâchons de donner une idée de la bataille chorale et symphonique. Nous devrions dire les batailles, car il y en a deux: d’abord la lutte des Klauwaerts contre les Leliaerts, c’est-à-dire des communiers flamands contre les seigneurs, contre les éperons d’or, contre la domination française; puis la révolte et les combats des Gueux pour le triomphe de la liberté de conscience et l’indépendance des Provinces-Unies.

Pour rattacher le premier combat au second, le compositeur a imaginé de souder le cri des Klauwaerts « Flandre au Lion » aux notes initiales du Wilhelmus Lied. Ce qui nous a le plus frappé dans cette introduction belliqueuse, c’est le chœur funèbre des Français vaincus: Graf, o somber graf (Tombeau, sombre tombeau). Ce chant de mort, gravement entonné par les basses à l’unisson, donne froid.

La révolte des Gueux est traitée de main de maître. L’ombre du Taciturne paraît, appelant le peuple à la lutte, à la conquête de ses droits, à la délivrance. Le Wilhelmus Lied gronde sourdement dans l’orchestre. A la voix de leur chef, les Gueux des Bois et les Gueux de Mer accourent de tous côtés. On entend les roulements du tambour, le bruit de la mousqueterie et de la mitraillade. Le Wilhelmus Lied se transforme; c’est une marche guerrière, saccadée, rapide, impatiente, à laquelle succède une phrase plus rapide encore, que développent les violons sur un contrepoint des violoncelles et des contrebasses qui semblent marquer le pas et régler l’ardeur des combattants. Il faut admirer l’adresse avec laquelle le compositeur dispose les voix. Sa troupe chorale ne se modifie pas, et néanmoins on jurerait qu’à chaque instant elle est renforcée par de nouveaux groupes d’arrivants. Les régiments se massent et s’unissent, et les voix sont près de se fondre dans un imposant ensemble, mais ici l’attention de l’auditeur est ramenée sur nos deux amoureux de la première partie. Ne l’oublions pas, nous rêvons; ou plutôt ces deux jeunes gens rêvent; cette vision historique, c’est à leur esprit qu’elle s’impose avant de nous émouvoir. Ces fantômes, ils les voient, ils les devinent, ils en ont peur. Obsédés par ces apparitions terribles auxquelles leur imagination prête un corps, et que les ténèbres rendent plus épouvantables, ils veulent fuir; mais ils sont cloués à leur place par la terreur; et leur rêve poursuit son cours; et la bataille un instant arrêtée par leurs soupirs, reprend de plus belle. Ils sont encore haletants, terrifiés, quand la foudre éclate; les Gueux ont remporté la victoire, et le Wilhelmus Lied fait explosion par toutes les sonorités de l’orchestre et des orgues, par toutes les voix du chœur, et monte majestueusement, presque religieusement jusqu’aux cieux. Et la foule applaudit à tout rompre, et les exécutants, joignant leurs bravos à ceux du public, saluent, acclament et couronnent le peintre de ce magnifique tableau.

La dernière partie, nous l’avons dit, ne laisse pas que de perdre d’abord à venir après cette colossale émotion; mais si l’on prend la peine de se secouer un peu, d’oublier ce que l’on vient d’écouter, on est bientôt sous le charme. Ce sont en effet de belles pages, et peut-être les meilleures de la partition, que celles qui terminent l’oratorio. L’espace nous manque pour les analyser avec soin; mais nous pouvons être brefs, n’ayant plus qu’à louer. Tous ces chœurs de matelots, de pêcheurs, de marchands, de laboureurs, sont charmants, tant l’idée en est claire, le rhythme franc, et la facture intéressante et distinguée.

Deux mots de l’exécution à laquelle a présidé M. Benoît. M. Warnots tire un excellent parti du rôle du ténor, rôle ingrat pour un artiste secondaire, brillant pour un homme de talent qui sait en varier les accents, et en accuser les nuances. M. Warnots a chanté sa partie en coloriste. Nous n’en dirons pas autant de M. Blauwaert, dont la voix est jolie, mais un peu molle, surtout lorsque le Vaarman est en scène. L’organe de M. Pot est un merveilleux instrument, d’un puissant calibre, mais qu’il ne sera pas inutile de remettre en pension chez l’armurier, afin qu’il y soit quelque peu graissé, poli et ciselé. Mlle Valentine Le Delier interprète le rôle de la jeune fille avec une conviction ardente.

L’orchestre, toujours un peu terne et flasque, a su éviter les accrocs que nous avions déplorés en revenant d’Anvers. Quant aux chœurs, il n’y a rien à dire. Ils se sont vaillamment comportés, et peuvent se féliciter du succès de l’Escaut, car ils y ont une très-grande part. Avoir réuni cette nombreuse phalange vocale, l’avoir aguerrie, enflammée du feu sacré, l’avoir passionnée pour son œuvre, n’est certes pas le moindre mérite de M. Benoit.

N.N.: De Schelde (L’Escaut), in: Le Guide Musical, jrg. 15, nr. 10, 11 maart 1869, p. [1-3].

De Schelde (L’Escaut). Oratorio de M. Pierre Benoit. Opinion de la presse belge.

ÉCHO DU PARLEMENT. - "Bruxelles, appelé à son tour à se prononcer sur le mérite du Schelde de MM. Hiel et Benoit, n’a été ni moins sympathique ni moins bruyant qu’Anvers dans son affirmation du nouvel ouvrage. Le public d’élite accouru au Palais Ducal, où la solennelle exécution de l’oratorio avait lieu, a souligné de ses plus vifs applaudissements les nombreuses beautés qui émaillent la partition. La plupart des morceaux du 2e acte, dont le Wilhelmus-Lied forme le couronnement, ont été particulièrement remarqués. Une sorte de commotion électrique a parcouru l’assistance après cette page grandiose, et le final entier a été repris au milieu d’unanimes acclamations. Une couronne a été remise à M. Benoit. M. Hiel a été associé, en toute justice, à cette manifestation.

Inutile, je crois, de revenir sur l’appréciation sommaire qui a été faite de l’œuvre. A-t-on remarqué que le musicien a détaché de son Lucifer la phrase gracieuse du rôle de l’Eau, et l’a fait intervenir, en la pétrissant à son gré, dans toute l’action ? C’est le seul lien qui relie deux compositions absolument différentes de sujet et de style. L’orgue est intervenu, cette fois, dans le final fulgurant du 2e acte. Comme le Wilhelmus-Lied a le caractère d’un hymne, les sons du gigantesque instrument ajoutent à la grandeur de son allure. Mais pourquoi employer l’orgue à rehausser un simple chœur d’industriels ? Il me semble que la harpe devait plutôt intervenir ici, et donner des accents nouveaux au rôle de l’artiste, comme à tout ce qui se chante vers la fin de l’œuvre. Je pourrais encore faire observer que les héros qui se trémoussent au 2e acte, sont des ombres et non des personnages réels, et que, conséquemment, il eût été préférable de les voir manœuvrer en quelque sorte à travers un prisme idéal que de les voir agir comme des êtres vivants. Mais il y a tant de mouvement, d’énergie et de coloris dans la manière dont le musicien les a dépeints - Artevelde excepté - que l’on se sent entraîné, malgré soi, à l’admiration."

Dans un premier article, le critique de lÉcho du Parlement dit, en parlant du caractère de la musique de Benoît, qu’il faudrait la qualifier de basse-allemande plutôt que de flamande.

INDÉPENDANCE. – "On a attribué à M. Benoit l’intention de faire de la musique flamande. Nous attendions l’Escaut, c’est-à-dire de Schelde, pour nous former une idée de ce que pouvait être ce nouveau style, ne pouvant pas deviner en quoi il consisterait. Notre curiosité n’a pas été satisfaite. La musique de cet oratorio historique, puisqu’ainsi on le désigne, ressemble à la musique française, à la musique allemande, à la musique belge telle qu’on l’a faite jusqu’ici. Nous avons eu beau l’écouter avec toute l’attention dont nous sommes capable, il ne nous a pas été possible d’y apercevoir les formes particulières auxquelles certaines personnes prétendent reconnaître un style flamand, d’où nous concluons que ce qui fait la musique flamande, ce sont les paroles et qu’en les traduisant on aurait à volonté une musique allemande ou une musique française. M. Benoit s’entend aux combinaisons, qui jouent un grand rôle dans la musique moderne, et surtout dans les œuvres à l’exécution desquelles concourent des masses vocales et instrumentales considérables. Nous n’avons, sous ce rapport, qu’un reproche à adresser à l’auteur de l’Escaut: c’est de trop laisser voir que les combinaisons auxquelles il se livre sont des moyens d’effet et non les conséquences du développement naturel des idées. Notez que nous disons effet, au singulier. Les effets sont au nombre des ressources de l’art dont l’emploi est le plus légitime et le plus nécessaire. L’effet est tout personnel à l’artiste: c’est une spéculation de son amour-propre."

ÉTOILE BELGE.- "L’œuvre nouvelle de notre compatriote justifie, de tout point, par la force de sa conception et l’admirable variété de ses détails, l’accueil enthousiaste qu’elle a reçu à Anvers et à Bruxelles. A l’inverse de ce que le vieux dicton dit des prédicateurs, c’est par ses œuvres et non par ses théories qu’il faut juger l’artiste. On querelle beaucoup M. Benoit sur ses prétentions à vouloir constituer en Belgique une école de musique flamande. Pourquoi pas, après tout ? Il ne me déplairait pas, je l’avoue, que les Flamands eussent leurs musiciens comme ils ont eu leurs peintres, et l’effort de M. Benoit ne me semble avoir rien en soi que de très-légitime et de parfaitement autorisé. Réussira-t-il ? On peut en douter et, pour ma part, j’en doute fort, mais ce dont je suis convaincu, c’est que cette préoccupation, en poussant M. Benoit à chercher sa voie en dehors des voies rebattues de la musique française et de la musique allemande, a puissamment contribué à développer son originalité propre. C’est ainsi qu’en essayant de faire de l’or, les alchimistes ont fondé la chimie. [...] C’est à ce moment qu’éclate le chant du Vaarman (le batelier) sorte de Méphisto que le poète a placé là pour jeter sa note railleuse au milieu de ce concert d’amour. Le chant du Vaarman, rhythmé par les contre-basses rappelant l’effort de la rame est, à mon sens, une des inspirations les plus heureuses, les plus originales de la partition. Il y a dans ce hoi, hi, oh! quelque chose qu’on ne rencontre pas ailleurs. C’est la mélopée un peu rude et emportée d’un tempérament solide, et qui pourrait bien, qui sait? devenir le germe de la future musique flamande."

PEUPLE BELGE. – "La salle du Palais Ducal porte décidément bonheur au jeune maestro flamand. C’est là qu’il a obtenu ses plus brillants et ses plus bruyants succès: c’est là que nous avons applaudi les pages inspirées de sa Quadrilogie religieuse et de son Lucifer; c’est là enfin que l’œuvre nouvelle de Schelde a fait sa première apparition sous le titre d’Oratorio historique. [...] Écoutez cette phrase délicieuse du ténor, Zing, schoone Schelde, quelle ineffable suavité dans la reprise à deux voix que vient interrompre violemment le hoi, hi, oh ! du Vaarman, le nautonnier! Ce Vaarman est une trouvaille, c’est le type du gouailleur flamand. Vous le voyez d’ici, debout dans sa barque, sa large main calleuse appuyée sur le timon du gouvernail. Sur sa face rabelaisienne se dessine un sourire sardonique. « Komt varen, dit-il, venez voguer » et la pauvrette se laisse entraîner… Tout cela est merveilleusement rendu par le compositeur. Admirez avec moi la fin de cette première partie, le chœur des paysans et cette morbidezza des voix fatiguées par le rude labeur du jour, et cette gradation qui nous conduit au duo d’amour plein d’énivrement et de volupté et à la péroraison qui réunit tous les personnages pendant que l’orchestre fait entendre le motif de la barcarolle. Zij varen, s’écrie le Vaarman… La nacelle a pris le large et les ombres de la nuit descendent sur cette scène mystérieuse. [...] Depuis le Lucifer, le talent de Benoit a grandi; il manquait quelque chose alors à ce puissant coloriste... la mezzia-tinta, ou, si vous le préférez, le charme, la tendresse, la grâce. Écoutez attentivement la première partie du Schelde (la plus belle des trois, à mon avis), et dites-moi franchement si ce n’est pas là une œuvre inspirée, digne de figurer à côté des plus belles productions musicales de notre époque."

LA CHRONIQUE. – "L’amour sur L’Escaut, tel est le sujet de la première idée, gracieuse idylle, traitée par le poète avec une exquise délicatesse de touche, par le compositeur avec un sentiment profond. Trois personnages sont en scène: un jeune homme, une jeune fille et un batelier qui les invite à naviguer, et dont un caprice du maestro a fait, en quelque sorte, le Méphisto de ce Faust, et de cette Marguerite anonymes. Un chœur de paysans qui, sur la rive, fait route vers le village voisin, vient interrompre les confidences amoureuses des deux jeunes gens. Dans toute cette première partie, la note tendre, passionnée, voluptueuse, a porté bonheur à M. Benoit. La péroraison de cet épisode, qui marque pour ainsi dire l’apogée de la félicité des deux amants, est d’une belle hardiesse; elle a été couverte d’applaudissements. [...] Le chant des Gueux, le Wilhelmus Lied, est l’âme de cette seconde partie qui provoque une émotion analogue à celle qu’on éprouve en lisant la fameuse ballade allemande, cette funèbre revue des armées impériales qui se groupent autour de leurs chefs, aux Champs Élysées; mais quelle incomparable puissance toutes les voix réunies des chœurs, de l’orchestre et des orgues donnent à cette grandiose et solennelle impression! C’est le succès de l’œuvre au point de vue de l’effet qui est irrésistible. Le public est littéralement entraîné dans ce belliqueux tourbillon, et s’il ne se retenait pas, il finirait par faire chorus avec les exécutants, et par entonner le chant des Gueux, dont le compositeur a savamment amené l’explosion. Cet épisode est un chef-d’œuvre de facture, une merveille de verve énergique et soutenue. Il nuit malheureusement à la troisième partie qui pourtant, au point de vue de l’inspiration musicale, est peut-être la plus intéressante de l’ouvrage. Si l’oratorio commençait par cette troisième partie, si l’idylle du début prenait la seconde place, et si la bataille du milieu terminait la partition, il nous semble que les auteurs, leur œuvre et le public y gagneraient."

LA LIBERTÉ. – "La troisième partie est une composition mixte où les chœurs et l’instrumentation trouvent à peindre des situations diverses. Le public a également bien accueilli les trois fractions de l’œuvre, il a même applaudi avec plus de verve la seconde, plus mouvementée, et terminée par un arrangement du Wilhelmus lied très-émouvant. Mais pour nous ce n’est pas dans le milieu qu’est la force de l’œuvre, et nous croyons la première partie incomparablement la meilleure. C’est là surtout que M. Benoit a montré cette diversité si remarquable chez lui et qui lui permet de toucher à la fois aux diverses cordes du cœur. Une liberté d’esprit très-grande a agencé les éléments multiples qui entrent dans cette vaste composition et les chœurs surtout sont menés avec une fermeté et une entente des masses vocales tout à fait supérieures. Là est le drame, un drame puissant où les individualités disparaissent, et qui n’agit que par masses. [...] Le Schelde constitue à notre avis un immense progrès sur le Lucifer. Il y a plus d’entente de la distribution des éléments musicaux, et l’instrumentation est plus puissante. L’orchestre à lui seul est un poème musical dans le poème. Il développe sa propre idée tout en soutenant le reste et en marchant d’accord avec les voix. Les compositions étendues où des forces multiples agissent en gardant chacune leur but et leur couleur sont tout à fait dignes de la large méthode de M. Benoit. [...] Nous pouvons reconnaître au Schelde une portée très-grande. Aussi reviendrons-nous sur cette œuvre qui n’appartient pas seulement à un homme, mais qui dessine une école nouvelle, l’école flamande. Il faut bien l’accepter, puisqu’elle donne de telles preuves de vie. Nous voudrions voir l’exécution du Schelde transportée au Théâtre de la Monnaie. Cet oratorio est fait pour les masses, le public restreint du Palais Ducal et l’exiguïté de ce local ne lui conviennent pas. A la Monnaie, le caractère de l’œuvre serait agrandi et le succès serait plus grand encore."

Nous terminons par une piquante correspondance bruxelloise envoyée au Courrier de la Semaine, d’Anvers:
"Le directeur de votre Conservatoire de musique, M. Pierre Benoit, a eu les honneurs de la semaine. La partition, qu’il a greffée sur le poëme de M. Emmanuel Hiel a obtenu, dans la salle du Palais Ducal, un immense succès, digne écho des ovations enthousiastes dont le poète et le compositeur avaient été l’objet, quinze jours auparavant, dans la grande et belle salle du théâtre d’Anvers. L’oratorio de Schelde est une œuvre. Je ne l’ai pas attendue pour saluer en la personne de M. Benoit la science et le génie d’un maître. Je n’ai qu’à renouveler mes salutations. On raconte qu’à l’Assemblée constituante, Mirabeau, en pleine possession de son éloquence et de sa gloire, écoutant Robespierre qui s’essayait aux luttes de la tribune, se prit à dire un jour: «Cet homme-là fera quelque chose, il croit à ce qu’il dit.» Loin de moi la pensée de comparer M. Benoit à Robespierre, et encore moins de me faire passer pour le Mirabeau de la chronique, mais on peut dire du chantre de l’Escaut: «Cet homme-là ira loin, il croit à ce qu’il fait.»"

Toute la presse flamande du pays a été unanime pour saluer en Benoit le chef du mouvement musical flamand.

N.N.: De Schelde (L’Escaut). Oratorio de M. Pierre Benoit. Opinion de la presse belge, in: Le Guide Musical, jrg. 15, nr. 13, 1 april 1869, p. [1-3].

Belgique. Bruxelles.

[…] - La seconde audition de l'oratorio historique de Schelde a eu lieu dimanche dernier, au Théâtre du Cirque, en présence d'une nombreuse réunion d'hommes éminents appartenant aux arts, aux sciences, et aux hautes sphères gouvernementales. Nous avons remarqué parmi l'auditoire M. Fétis, l'illustre directeur de notre Conservatoire, qui fut le maître de l'auteur du Schelde; MM. Pirmez, ministre de l'intérieur; Rogier, ministre d'État; Bellefroid, directeur des beaux-arts; Van Soust de Borckenfeld, inspecteur des beaux-arts; M. le baron de Gericke, ministre de Hollande; l'élite des représentants de la presse et des artistes, et un public nombreux accouru de toutes les parties du pays. L'œuvre du maître flamand a reçu, devant cet imposant aréopage, une consécration nouvelle et a été acclamée, pour ainsi dire, d'un bout á l'autre. Bien des passages qui semblaient être restés dans l'ombre lors de la première exécution, ont été remarqués, appréciés et applaudis.

Nous n'insisterons pas davantage sur un fait désormais avéré: l'art flamand est né et il grandira, nous n'en doutons point. L'exécution de l'œuvre a été bien plus remarquable que la première fois. La magnifique phalange chorale anversoise s'est rendue digne des exécutions allemandes; c'est, du reste, nous devons le constater, la seule belle et véritable association en ce genre qui existe en Belgique. Le travail soutenu et intelligent auquel préside Pierre Benoit, depuis deux ans qu'il est à Anvers, a produit ce beau résultat.

L'orchestre du Conservatoire d'Anvers, qui accompagnait l’œuvre, est en voie de progrès et, sans nul doute, son chef parviendra à en faire un corps remarquable. Ajoutons, pour finir, que trois cents exécutants se sont déplacés deux fois déjà pour venir d'Anvers à Bruxelles, interpréter l'oratorio de Schelde. Ce fait a sa signification. Il règne en ce moment à Anvers un mouvement musical incontestable et vrai. Ce mouvement, en grandissant, tend à faire de la métropole des arts, un foyer où la musique occupera décidément la grande place, grâce à l'institution du Conservatoire flamand et à l'existence de la Société de musique.

Les solistes ont été à la hauteur de l'œuvre. Mlle Le Delier a déployé toute la puissance de sa large et belle voix; la façon dont elle a dit son rôle a été une véritable surprise, car jamais la jeune cantatrice n'avait été en possession plus complète de son remarquable organe. Warnots, inutile de rien ajouter, est un maître chanteur: que cet éloge lui suffisse. M. Pot a fait des progrès; il a mieux dit l'air d'Artevelde qu'à la première exécution. Enfin, M. Blauwaert s'est fait applaudir à différentes reprises, et M. Barwolf a mis beaucoup d'énergie dans l'appel aux armes.

En somme, une belle séance, où l'art sérieux national a été acclamé et où l'oratorio a reçu définitivement la consécration d'un immense succès.

N.N.: Belgique - Bruxelles, in: Le Guide Musical, jrg. 15, nr. 15, 15 april 1869, p. [4].

Anvers. (Correspondance particulière)

L’événement principal de la dernière quinzaine a été, sans contredit, l’exécution du Schelde. Je ne reviendrai pas sur l’analyse de l’œuvre; tout a été dit sur cette page admirable. Le Schelde a décidément la vogue ici.

Pour satisfaire tout le monde, la commission des fêtes a été obligée de rendre publique la répétition générale du matin. C’étaient deux chambrées complètes et deux succès frénétiques et mérités. Les exécutants, au nombre de 400, ont été à la hauteur de leur tâche: solistes et orchestre se sont surpassés.

Pierre Benoit, quoique dangereusement malade, a dirigé néanmoins le tout avec son énergie habituelle. Je sors de la répétition du contingent anversois pour vos fêtes musicales. Elle était dirigée par M. Adolphe Samuel venu expressément de Bruxelles.

Nos 500 exécutants ont, à ce qu’il paraît, entièrement satisfait l’habile chef bruxellois; il en a hautement exprimé son contentement.

N.N.: Anvers. (Correspondance particulière), in: Le Guide Musical, jrg. 15, nr. 35-36, 2-9 september 1869, p. [3].