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Over Katharina

M. de Rüdder en een recensent van Le guide Musical

Edgar Tinels letztes Werk, die geistliche Oper Katharina feiert seit der Premiere am Brüsseler Monnaie-Theater (27. Februar 1909) den glänzenden Erfolg und wird zwei- bis dreimal wöchentlich stets vor ausverkauften Hause gegeben. Dieser Erfolg liegt zweifellos allein in der prächtigen Musik selbst begründet, denn das Wert ist eigentlich nur wenig ‘szenisch’, macht vielmehr den Eindruck eines schönen Oratoriums in vorzüglichen Dekorationen und Kostümen. Der Dichter, Leo Van Heemstede, ein am Rheinufer lebender Belgier, hat es in deutscher Sprache verfasst. Es handelt sich um die wohlbekannte Geschichte der heiligen Katharina von Alexandrien. Die drei Aufzüge bringen nicht die nötige Progression in die Handlung; diese enthält nur eine Folge von Visionen, die von der Titelheldin in schönen Gesängen in die Erscheinung treten. Kaum bringen das heidnische Fest in Serapeum und die Martyrium-Szene auf dem Richtplatz ein wenig Bewegung in die Vorgänge.

Die Geschichte spielt in Alexandrien im Jahre 307, zuerst auf der Terrasse vor Katharinas Palast am Meeresstrande, dann in Serapeum, endlich im Kerker und auf dem Richtplatz. Der erste Aufzug zeigt uns Katharina im Kreise ihrer Gespielinnen und Berehrer; daran schliessen sich ihre christliche Belehrung durch die Einsiedler Unanias, sowie die himmlische Vision und die mythische Verlobung. Der zweite Aufzug bringt ein heidnisches Opferfest vor dem Kaiser Maximin und die Bekehrung der Weissen durch Katharina; im dritten wohnen wir dem Martyrium und der Himmelfahrt der Verklärten bei.

Edel, gross und breit führt uns die lange Ouvertüre ins Drama ein. Dieses Vorspiel allein bildet in sich selbst ein wahres Meisterstück, das mit Ehre auf dem Programme symphonischer Konzerte figurieren kann. Was die Rolle der Katharina betrifft, so darf man sagen, dass ihre Gesänge den schönsten Eingebungen Tinels angehören, wie auch die ganz prächtigen mystischen Frauen- und Engelchöre einer einen gläubigen Seele entsprungen sind. Die anderen Partien habe mindere Bedeutung und bieten keine starke besondere Charakterisierung, obwohl anderseits in dieser Partitur auch nichts vernachlässigt ist. Aber neben der strahlenden Katharina und den von ihr beleuchteten Chören erscheint das übrige nur im Halbdunkel. Eine grosse Stimmungs– und Stileinheit beherrscht das werk, das vom schönsten Orchesterklänge umhüllt zu uns spricht; Streichquartett und Harfen führen das instrumentale Ensemble, in dem Tinel seine meisterhafte, sichere orchestrale und polyphonische Technik zeigt. Wie bekannt, bewegt sich der Komponist stets in klassischen Geleisen, und daran haben wir nichts zu tadeln, da sie am besten seinem eigenen Temperamente entsprechen. Dass nun Katharina eine Stufe höher als das sehr beliebte Oratorium Franziskus oder das Drama Bodolera stünde, darf man nicht sagen; für mich bewegen sich die drei Werke, musikalisch gesprochen, auf demselben Niveau und entspringen auch der gleichen ideellen Quelle. Eine herrliche Leistung bot uns das Monnaie-Theater mit dieser Schöpfung. In allererster Stelle muss die Vertreterin der Titelrolle, Mlle. Croiza, genannt werden; in Geist, Stil und Stimme hat sie uns hoch befriedigt. Die übrigen Rollen waren ebenfalls gut besetzt; Chöre und Orchester unter S. Dupuis’ Leitung boten Vortreffliches. Der mehrmahls anwesende Komponist bezeigte jedesmal seine grosse Befriedigung; ihm selbst wurden warme Ovationen dargebracht. - Alles in allem: eine interessante Neuheit.

Brüssel - M. de Rüdder

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Katharina (Saint-Catherine d’Alexandrie)

Légende dramatique en trois tableaux, paroles de Léo Van Heemstede, adaptation française de Florimond Van Duyse, musique d'Edgar Tinel. (Première représentation le 27 février 1909.)

Lorsque fut exécuté aux Concerts populaires, il y a une vingtaine d'années, l'oratorio Franciscus, donné avec un succès tel que les directeurs du théâtre de la Monnaie, MM. Dupont et Lapissida, consacrèrent plusieurs soirées à de successives exécutions, toutes aussi applaudies, nous eûmes l'impression très profonde que M. Edgar Tinel avait en lui tous les dons d'un musicien de théâtre. L'œuvre, tout en témoignant d'une unité d'inspiration remarquable, présentait une variété très séduisante, et si la muse du compositeur se complaisait particulièrement à exprimer, par des accents très convaincus, les élans de la foi, elle traduisait aussi avec agrément les scènes de la vie matérielle. La figure ascétique de Saint-François d'Assise, tout auréolée de mysticisme, se détachait ainsi sur un fond habilement composé, qui en faisait ressortir l'austère grandeur: telles ces images de saints de la période gothique qu'environnent, réalisés à échelle réduite, les épisodes essentiels de leur existence terrestre. Quelques années après, M. Tinel nous donnait un « drame musical », Sainte-Godelive, œuvre également remarquable par sa belle tenue et son unité de conception, mais qui ne fut exécutée ici qu'au concert, et dont on ne put dès lors apprécier les qualités scéniques.

Ces dons d'homme de théâtre que nous avions cru découvrir dans Franciscus, M. Tinel, si porté qu'il soit, par ses aspirations personnelles, à consacrer son art à l'exaltation des sentiments religieux, devait être très désireux de les affirmer sur une de nos grandes scènes lyriques, et MM. Kufferath et Guidé, en lui ouvrant aussi généreusement qu'ils l'ont fait les portes de leur théâtre, aujourd'hui si haut coté, auront certes réalisé un de ses vœux les plus chers. Mais le talent du musicien n'était pas seul en cause dans l'œuvre nouvelle qui vient de nous être présentée, et l'affirmation de ce talent était subordonnée à la manière dont le librettiste de Katharina, M. Léo Van Heemstede, avait accompli sa tâche. Or l'œuvre dramatique que celui-ci a tirée des données pseudo-historiques et légendaires que l'on possède sur Sainte-Catherine d'Alexandrie ne paraît qu'assez peu adaptée aux nécessités de la scène.

Le poème de M. Van Heemstede a pour objet principal de mettre en relief la sereine figure de Sainte-Catherine, qui vécut à Alexandrie au commencement du IVe siècle. Il nous montre en même temps la lutte qui s'affirma à cette époque entre la religion païenne et les idées du christianisme primitif, mais il s'étend sur ce conflit de doctrines avec une insistance qui met le spectateur en présence de continuels recommencements, - de même qu'au premier acte, l'extase de Catherine devant l'apparition de la Vierge et de l'Enfant Jésus se développe en une longue succession d'épisodes que l'héroïne est seule à apercevoir et dont elle fait elle-même la narration, de sorte que le concours de la scène n'était ici nullement nécessaire. Ce premier acte a pour cadre une terrasse du palais de Catherine, au bord de la mer, à Alexandrie. La jeune patricienne, entourée de ses compagnes, indifférente aux déclarations de ses admirateurs, paraît absorbée par un rêve. Survient l'anachorète Ananias, qui cherche à détourner Catherine des vaines satisfactions de la vie terrestre, auxquelles il oppose l'idéal chrétien. Vivement impressionnée, la jeune fille s'agenouille et voit apparaître la Vierge portant dans ses bras l'Enfant Jésus, dont Catherine ne pourra devenir la fiancée qu'après avoir reçu l'eau du baptême. Ananias la conduit vers la source et mouille son front de l'onde sainte. Aussitôt la jeune fille trouve à son doigt l'anneau des fiançailles. Et au milieu du chant d'allégresse des anges, elle prend l'engagement de lutter et de mourir pour la gloire de son divin fiancé.

Le deuxième acte nous fait assister à une cérémonie religieuse païenne dans le temple de Serapis. La fête est troublée par l'arrivée de Catherine, qui proclame son enthousiasme pour la religion du Christ. L'Empereur Maximin, séduit par la beauté de la patricienne, désire la sauver du sort auquel elle s'expose, et il ordonne aux sages présents de le suivre avec Catherine à l'intérieur du temple pour chercher à amener la jeune fille à une rétractation. La cérémonie païenne reprend, jusqu’au moment où Catherine rentre en scène. Loin d'avoir été confondue par les sages, c'est elle qui les a convertis à la foi nouvelle. L'Empereur ordonne que Catherine soit emprisonnée jusqu'à ce qu'elle abjure la religion du Christ.

C'est dans la prison que nous retrouvons l'héroïne au troisième acte. Catherine dort, et des voix angéliques bercent son sommeil. Ananias vient lui donner le viatique. Puis survient l'Impératrice Octavie, qui, émue par le sort de la jeune fille, lui apporte des paroles de consolation. Mais Catherine est appelée à comparaître devant ses juges, et un changement à vue nous met en présence du prétoire, où siège l'Empereur Maximin. La sainte affirme sa foi avec une conviction plus entraînante que jamais; les objurgations et les menaces de l'Empereur ne peuvent la détourner de sa mission céleste. Elle est condamnée au supplice de la roue. Au moment où elle élève la croix vers le ciel, la roue vole en éclats. Ce miracle entraîne de nouvelles conversions. L'Empereur, affolé, voue tous les chrétiens à la mort et s'empoisonne. Puis apothéose finale: Catherine monte au ciel, emportée par les anges, aux hymnes admiratives et triomphantes des chrétiens.

De ces épisodes, le librettiste n'a tiré que des effets assez peu variés, et il n'a guère su donner au côté mystique de l'œuvre ce caractère hiératique qui enveloppe d'un charme si prenant les œuvres plastiques de la période gothique ou de la Renaissance; la mise en œuvre littéraire du poème nous ferait plutôt penser, les tons bleus et roses de la musique aidant, aux tableaux religieux de l'école française du XVIIe siècle à laquelle se rattachent les productions de Simon Vouet et d'Eustache Le Sueur. La tâche du compositeur était, dans ces conditions, fort ingrate. M. Edgar Tinel l'a accomplie avec tout le talent dont il avait fait preuve dans ses productions antérieures. Sa partition, d'une tenue extrêmement soignée, est l'œuvre d'un musicien élevé à l'école des classiques et qui n'a guère subi l'influence des tendances modernistes. Comme dans Franciscus et dans Sainte-Godelive, son inspiration a une affinité marquée avec celle de Mendelssohn et de Schumann, et la coupe mélodique évoque parfois le souvenir de certaines pages de Lohengrin. Si la personnalité de M. Tinel ne se manifeste pas par une invention bien caractéristique, il est néanmoins intéressant de constater combien le musicien est resté, dans ces trois œuvres produites sur un espace de plus de vingt ans, conforme à lui-même. L'écriture, très ferme et très sûre, a conservé les mêmes contours, la ligne mélodique se poursuit avec la même science du développement, l'orchestration, fondée surtout sur l'emploi du quatuor et des harpes - l'instrument indiqué des invocations angéliques -, a toujours la même solidité, dans une tonalité un peu grise, sinon quelque peu sèche.

Les pages de la partition, prises isolément, ont toutes, peut-on dire, des qualités de facture très réelles, et toutes sont marquées au coin d'un goût très pur, d'une distinction qui ne se dément jamais. Mais, dans l'ensemble, l'œuvre est peut-être développée à l'excès; et l'on souhaiterait de plus fréquents sommets au cours de ces pages presque toutes également bien venues. D'autre part, le compositeur ne s'est guère servi des ressources instrumentales pour marquer, plus que ne l'avait fait le librettiste, l'opposition entre le caractère des différents personnages. Le théâtre exige des contrastes dont peut plus aisément se passer le concert, et nous ne serions par surpris que donnée en oratorio, la nouvelle partition ne produisît grand effet et ne recueillît un succès comparable à celui de Franciscus, qui eut plus de trois cents exécutions en Allemagne.

MM. Kufferath et Guidé nous ont présenté Katharina comme jamais avant eux ne le fut ici une œuvre belge, et l'on peut affirmer que les soins tout particuliers dont ils en ont entouré la mise à la scène, ont contribué pour une large part à la brillante réussite qui a marqué, il y a huit jours, la première représentation. En confiant à Mine Croiza le rôle de l'héroïne, rôle écrasant s'il en fût, nos directeurs assuraient presque le succès de l'œuvre nouvelle. Cette belle artiste, que l'on acclamait il y a peu de temps dans Orphée après l'avoir applaudie dans Le Chemineau, s'est acquittée de sa tâche avec un talent d'autant plus méritoire que la tessiture générale du rôle est un peu élevée pour son organe de mezzo- soprano. Elle a dessiné le rôle, musicalement, avec un style, une délicatesse de nuances, qui ont dû ravir d'aise le compositeur. Et plastiquement aussi, le personnage de Sainte-Catherine trouva en elle une interprète idéale, car elle sut joindre au charme séduisant de sa grande beauté, nécessaire pour expliquer l'attitude de l'Empereur Maximin, le caractère profondément mystique, l'expression de détachement des choses terrestres, que réclame sa mission divine.

Les autres rôles, beaucoup moins importants, mais fort nombreux, avaient été distribués aux meilleurs éléments de la troupe. Il y a lieu de mentionner particulièrement M. Petit, dont le timbre de voix contribue à donner une physionomie caractéristique au personnage de l'anachorète Ananias, M. Lestelly, un empereur romain de grande allure, Mlles Bourgeois et Lucey, très soucieuses de vérité scénique dans la réalisation des rôles d'Octavie, épouse de Maximin, et de la suivante de Catherine. Citons encore MM. Morati (Lucius), Artus (le Prêtre), Galinier, La Taste, Nandès, Delaye, Delrue, Colin et Hiernaux, qui tous, à des degrés divers et dans des tâches souvent modestes pour leur valeur personnelle, ont contribué à donner à l'exécution de cette œuvre nationale une tenue irréprochable.

Les deux danses, l'une sacrée, l'autre profane, intercalées dans la cérémonie païenne du deuxième acte, ont recueilli un succès très marqué. Elles sont écrites avec un art qui prouve, comme l'avaient déjà montré les délicieux motifs de valse de Franciscus, que M. Tinel ne réserve pas toutes ses inspirations pour une musique exclusivement chrétienne. Ce petit ballet est d'ailleurs mis en scène d'une façon exquise, et à l'effet qu'il a produit ont contribué à la fois la manière dont l'a réglé M. Ambrosiny, les costumes délicieux dont on a revêtu nos ballerines, et l'interprétation très personnelle de Mmes Cerny, Pelucchi et Legrand dans des pas d'un archaïsme éminemment suggestif.

L'orchestre fut soigneux à souhait dans l'exécution d'une partition qui réclame, par son caractère spécial, une sorte d'onction persistante à laquelle nos instrumentistes n'ont aucune raison d'être accoutumés. Et leur chef M. Sylvain Dupuis, dont la réputation dans l'art de diriger les masses chorales est depuis si longtemps établie, trouva ici une occasion exceptionnelle de faire apprécier son talent sous cet aspect spécial. Les chœurs sont, en effet, fort nombreux, et ils ont un développement qui contribue également à donner à l'œuvre ce caractère d'oratorio que nous avons signalé. Ils sont d'ailleurs établis avec une solidité et une entente du groupement des sonorités vocales qui soulignent les grandes qualités de compositeur de M. Tinel.

Les décors ont été conçus d'après une documentation très sûre fournie par MM. Capart et Jean De Mot, les savants conservateurs des sections égyptienne et hellénique du Musée du Cinquantenaire. Ils font le plus grand honneur à M. Delescluze, et leur puissance évocative se trouve encore renforcée par le luxe et l'exactitude des costumes, comme par les groupements et mouvements scéniques qu'a si artistement réglés le très habile régisseur qu'est M. Merle-Forest. Il y a là un ensemble d'éléments qui font que Katharina, malgré l'austérité d'un livret peu conforme aux traditions théâtrales, constitue un spectacle d'un exceptionnel et très séduisant attrait.

J. Bp.

De Rüdder, M.: Edgar Tinel: Katharina, in: Neue Musik Zeitung, jrg. 30, nr. 16, 13 mei 1909, p. 344 & J. Bp.”: Katharina (Saint-Catherine d’Alexandrie), in: Le guide musical, 7 maart 1909, p. 200-183 [=202bis].