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[In de eerste tekst leest u hoe La France Musicale reageerde op de wereldpremière van Gevaerts Quentin Durward op 25 maart 1858 in de Parijse Opéra Comique. De Engelse pers, doorgaans niet erg scheutig met nieuws van overzee, maakte enkele maanden later bij monde van The Musical World melding van het groeiende succes van de opera.]

Quentin Durward
door A. Aldini

Première Représentation. Théâtre Impérial de l'opéra-comique.
Quentin Durward, Opéra-comique en trois actes, Paroles de MM. Cormon et M. Carré, Musique de M. Gevaert.

Vous connaissez parfaitement le roman de Walter Scott, Quentin Durward, ou l'Ecossais à la cour de Louis XI ; je puis donc me dispenser d'analyser le livret.
C'est avec la table des chapitres de ce roman que les auteurs ont fait leur scenario. Puis ils ont coupé à grands coups de ciseaux dans ces titres de chapitres ; ils ont fait trois petits tas bien proprets de tout le reste, ont collé sur chacun de ces groupes, qu'ils ont appelé des actes, force couplets, nombre de choeurs, quelques airs et des duos, une chanson à boire par-ci, une ballade écossaise par là ; ils ont rempli de prose les espaces vides, et ont donné la chose au compositeur. Qu'il s'en tire comme il pourra. - A la grâce de Gevaërt !

Le jeune musicien, qui savait son Walter-Scott sur le bout des doigts, a été fasciné par ce beau nom de Quentin Durward ; il a jeté la bride sur le cou de son imagination vive et impatiente, et s'est laissé transporter bien loin, au pied des sombres tourelles des Plessis-les-Tours ; là il a revu le roi à la figure blême et au regard soupçonneux ; compère Tristan, son noeud coulant à la main et toujours prêt ; le jeune Quentin, au front noble et fier, au bras prompt et vaillant, au coeur plein d'espérance et d'amour ; et le hautain Philippe de Crévecoeur, et la charmante Isabelle de Croy, et l'autre Durward, cet officier brave comme son épée, l'oncle du jeune aventurier, et il s'est dit : - " Avec ces éléments-là on ne peut échouer. A l'oeuvre donc, et que le génie me vienne en aide ! " - Seulement, quand il a pris le manuscrit et qu'il a vu les choeurs, les airs, et les couplets, quand il a vu la chanson et la ballade précédées et suivies de leurs pages de prose, prendre la place du magnifique roman du poète et du conteur écossais, son imagination s'est arrêtée raide. Il d'attendait à un poème, et s'est trouvé en face d'un livret, dont les personnages sont trop poétiques pour qu'il puisse en faire un opéra-comique, et dont l'allure est trop peu comique pour qu'il puisse l'égayer avec les ressources de son art.

Encore, si l'auteur des Lavandières et du Billet de Marguerite eût pu s'inspirer de la délicate et gracieuse figure d'Isabelle de Croy, il n'aurait entourée de tous les trésors du chant, et aurait groupé autour de son héroïne les autres personnages du drame musical. Un beau rôle de femme est presque le succès. Mais non ; celui d'Isabelle de Croy est effacé dans le poème ; l'intérêt est éparpillé ; Louis XI débute par une chanson à boire ; Crèvecoeur n'arrive qu'au deuxième acte ; Quentin Durward est forcé de chanter, comme le page de la châtelaine, une ballade de son pays pour amuser ce roi si difficile à amuser ; le cordier liégeois fait rire tout juste avec ses frayeurs bourgeoises, et Tristan n'effraie même pas les bohémiens.

Eh bien ! malgré ces imperfections d'un livret que d'autres trouvent charmant, original, plein d'intérêt, à commencer par M. Gevaërt qui l'a choisi, et que, pour ma part, j'ai le mauvais goût de trouver insuffisant, le compositeur a réussi à faire un opéra où, à défaut de véritable inspiration, on admire une connaissance profonde de l'art. Si la mélodie se fait beaucoup trop longtemps désirer, l'harmonie la remplace, sans jamais faiblir.

L'orchestration témoigne des bonnes et sévères études du compositeur, et si elle a un défaut, c'est d'être trop vigoureuse, de couvrir souvent, sous la richesse des sons, les passages mélodiques, qui gagneraient à s'émanciper de ces soutiens envahissants. Sans parler de l'ouverture, qui m'a semblé mieux écrite que riche de motifs, je citerai le morceau final du 1er acte, le seul que l'orchestre affranchit de sa tutelle intéressée, et qui débute par une phrase large et majestueuse ; l'air de Crèvecoeur, le finale du deuxième acte, et un trio dramatique au troisième, la plus belle page de la partition. Si je n'en cite pas d'autres, ce n'est qu'une mention différée. Dans cette courte notice, qui n'est pas un compte-rendu, car il suit de près la première audition, j'ai préféré indiquer les morceaux où l'inspiration est venue le plus promptement à l'aide du savoir.

Je ne dis rien encore du succès. Je souhaite que les applaudissements prodigués sans mesure à chaque passage, jeudi soir, soient ratifiés par le véritable public aux représentations suivantes. Quant à la première, vous le savez bien, à l'Opéra-Comique plus que partout ailleurs, on désigne à l'avance les morceaux qui doivent être bissés, et ces morceaux-là ont cet honneur quand même. Le nouveau directeur a hérité de ce malheureux usage de son prédécesseur ; peut-être l'a-t-il trouvé dans les clauses du cahier des charges. Avec une exécution plus parfaite, l'oeuvre de M. Gevaërt aurait eu un succès plus brillant ; car, quel que soit le talent de Mlle Boulart, elle ne peut donner à son chant cette sûreté qu'on admire chez les grands artistes. - Il en est de même de M. Jourdan. - M. Faure a été excellent dans le rôle de Crèvecoeur ; c'est le rôle qui n'est pas au niveau du talent de l'artiste ; de même que M. Couderc est admirable sous le costume de Louis XI ; mais malheureusement le Louis XI de l'Opéra-Comique n'est pas le Louis XI de Walter Scott, de Victor Hugo et de Casimir Delavigne, - et encore moins celui de l'histoire.

Quentin Durward
door een recensent van The Musical World

Brussels.
The success of Quentin Durward goes on increasing. There was a gala performance a short time since, at the Théâtre de la Monnaie, and it was M. Gevaert's work which was selected for the occasion. The libretto is sometimes fatiguingly long; the action does not progress, or does not progress fast enough. A great deal of recitative, substituted for the dialogue, retards it still more. The actors speak little and sing a great deal; they sing too much. The work is thus no longer a comic opera, as the title indicates, but a real opera. The first act is that what which contains the least striving after effect, but it is that, however, which the public prefer to the other two, and their judgment is the correct one. Nothing equals simplicity. With far fewer instruments, and less complication and concerted pieces, Grétry charmed a great deal more. We certainly do not wish to see art retrograde; we only desire that M. Gevaert, who has manifested so much talent, should not lose sight of his great models. Let him follow without imitating them; let him particularly study the requirements of that branch of the art which he treats, and let him not seek exclusively grandeur, where, above all things, we need grace. Besides, grandeur does not consist in the proportions, but the sentiment, of a work.

Aldini, A.: Première Représentation. Théâtre Impérial de l'Opéra-Comique. Quentin Durward, in: La France Musicale, 28 maart 1858 & N.N.: [artikel zonder titel], in: The Musical World, jrg. 36, nr. 46, 13 november 1858, p. 734.