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Met deze brief excuseerde de musicoloog, componist en dirigent Xavier Van Elewyck (1825-1888) zich bij Ferdinand Hiller (1811-1885) omdat hij zijn bundel Collection d’oeuvres d’anciens et célèbres clavecinistes flamands nog niet had bezorgd. Hiller onderhield vanuit Keulen als conservatoriumdirecteur, componist en dirigent goede contacten met het Belgische muziekleven en hij was dan ook bijzonder goed geïnformeerd. Uit Van Elewycks brief leren we niet alleen dat hij aan het zelfde medische probleem als Camille Saint-Saëns leed, maar ook dat het samenstellen van de bundel met klavecimbelmuziek hem veel tijd, energie en geld heeft gekost. En zo komen we ook te weten dat François-Auguste Gevaert een bewonderaar was van de klaviermuziek van Joseph-Hector Fiocco.

(Aus Ferdinand Hillers Briefwechsel, vol. 4 (1876-1881), (Beiträge zur Rheinischen Musikgeschichte, 60), Köln, 1965, p. 67-68.)

Louvain, le 26 Oct. 1878

Cher et illustre maître!

Votre élégante et intéressante brochure m’a, tout d’abord, causé presqu’un ravissement. Je me suis dit: “M. Hiller ne sait pas combien j’ai été souffrant depuis le mois de Juin dernier et il m’adresse un avertissement parce que je n’ai pas encore fait ce qu’il m’a demandé, lorsqu’il m’a envoyé un cordial accusé de réception pour mon ouvrage sur les vieux clavecinistes flamands.”

La vérité est que j’ai été subitement pris comme l’a été il y a un an au notre ami commun Mr. Camille St. Saens de Paris, d’une neuralgie faciale. Mais Mr. Saint Saens en a été guéri par le bromure de potassium et moi, au contraire, je n’ai rien gagné pendant 5 mois, malgré mes trois médecins et 2 dentistes… Voilà, cher maître, l’unique raison du silence que j’ai dû garder vis-à-vis de vous. Vous aviez eu la bonté de m’écrire que je vous serais agréable en vous disant les noms les plus remarquables d’entre les 17 maîtres flamands que je restitue à la lumière.

Voici, maintenant, quelques détails très courts: J’ai travaillé 2 années à retrouver les œuvres dont les auteurs étaient tous célèbres il y a 150 ans, qui tous étaient cités dans les grandes biographies, mais dont on croyait avec Ms. Fétis et Gevaert que je ne retrouverais plus rien. La Révolution française de 1793 avait brûlé toutes les collections publiques, toutes les bibliothèques d’Eglises et de couvents, même les dépots privés.

J’ai parcouru courageusement tous les dépots de Belgique, du Nord de la France et des grandes villes d’Angleterre. J’ai surtout retrouvé chez de simples organistes de Campagne et dans les clochers de Cathédrales.

Vous remarquerez que, par exemple, je livre au jour des œuvres de Van den Gheyn, publiées il y a un siècle à Londres, dans la même collection que celles où se trouvaient les œuvres de Bach et de Händel.

Je vous recommande Van den Gheyn, Fiocco (qui est le préféré de notre ami Gevaert), Ray Robson, Kennis, Van der Borght et l’un des frères Staes.

Je possède aujourd’hui les appréciations de Ms. Rubinstein, Planté, St. Saens, Gounod, Pauer de Londres, Lowe de Londres, le Directeur de la Tonkunst de Koeningsberg, les Directeurs des Conservatoires de Naples, Milan, Florence; celles de presque tous les grands journaux de France, d’Angleterre, d’Autriche.

J’ose dire, illustre maître, que je me trouve récompensé de mes peines et de l’argent que m’a coutés mon grand travail, par les éloges que tous les artistes, savants, critiques etc. ont bien voulu consacrer à la publication.

Mais l’impression des volumes coûte affreusement cher et je n’oserais pas dire ce que m’ont couté, d’autre part, mes voyages de recherches!!! –

Je viens d’achever la lecture de votre si aimable et si attrayante brochure. En la lisant il me semblait que je rajeunissais de 15 ans! Merci pour les éloges que vous daignez me consacrer! Le brave Chanoine de Vroye, Ms. Fétis et Soubre, ne sont plus là pour en receuillir leur si belle part, non plus que le pauvre Edouard Batiste et l’intrépide Hector Berlioz.

Je vous remercie ex abundantia cordis. Pendant toute ma vie j’ai toujours plus tenu à la connaissance des maîtres de l’art qu’aux plus belles décorations des Gouvernements.

Agréez, illustre maître, l’hommage de mon respect et des sentiments affectueux de toute ma famille.

Ch. Von Elewijck.