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Grégoir (Edouard)
Vers sur la Mélancolie, poème musical pour le piano.

Tandis que le clavier sous ta main exercée
Résonne, et reproduit des accords mélodieux,
Tandis que ta musique, en tes rêves créée,
Me ravit par ses sons tendres et gracieux,
Où tandis qu’inspiré par la Mélancolie
Qui s’empare de toi dans tes tristes momens,
Tu captives mes sens, loin dans ma fantaisie
Je m’égare et me perds en des rêves charmants:
Je crois voir un lac noir, d’une pâle lumière
Eclairé faiblement au fond d’une forêt,
Où la profonde nef d’un sombre monastère,
Où le soleil couchant jette un dernier reflet;
Je vois la vaste Mer, dont après la tempête
Les flots encor’ troublés, se baissent lentement;
Un esquif naufragé, qu’elle jette et rejette
Sur de vastes rochers, ballotté par le vent.
Puis j’entends de la nuit la voix mystérieuse
Se mêler à la voix de l’orage expirant,
D’un rapide torrent la course furieuse,
De la cloche des morts le son plaintif, et lent!...
Mais pourquoi donc, hélas, chercher dans la matière
Pour rendre ce qu’on sent, par tes sons emportés?
Ah! Il vaut mieux de voir dans l’âme toute entière
Les sentiments d’un coeur sensible et désolé.

16 mars 1840. THAWSEND de Londres.

Thawsend de Londres: Poésies - Grégoir (Edouard), in: Grégoir, E.: Bibliothèque musicale populaire, ouvrage en trois volumes, dl. 2, Brussel, 1877, p. 56-57.